Âges de la vie

Ce champ explore la façon dont les inégalités se vivent, se cumulent ou se recomposent tout au long des trajectoires de vie. L’enjeu est pouvoir saisir la façon dont les inégalités s’incarnent dans des parcours contrastés, mais aussi les perceptions dont elles font l’objet -de leur acceptation à l’expérience de l’injustice-, tout comme la façon dont elles vont recomposer en retour le rapport au politique, que ce soit sous formes de retrait, d’engagement ou de révolte.

Dans ce but, nous mobilisons une perspective analytique centrée sur les parcours de vie : théorisée par Elder (Elder, 1994), l’approche interdisciplinaire des parcours de vie permet de saisir le caractère évolutif et cumulatif des inégalités sociales et la façon dont elles peuvent s’articuler entre elles au fil des âges de la vie, que ce soit dans le cadre de rapports de genre, de racialisation ou de classe, entre autres. Cette approche est particulièrement adaptée pour rendre compte de la complexité des trajectoires marquées par certaines problématiques de vulnérabilités sociale : en fonction de chaque type de parcours, nous pouvons ainsi repérer, en remontant depuis l’enfance, les moments charnière, les points de rupture et les « bifurcations », ce qui permet de mieux identifier les leviers d’action possibles.

Nous défendons ainsi une lecture intégrée et multidimensionnelle des inégalités, qui ne prenne pas uniquement en compte la dimension socio-économique des revenus, mais aussi la façon dont elles jouent sur les « conditions d’existence » comme sujet et comme citoyen.

Elle permet de poser un autre regard sur diverses populations dont les conditions et les parcours de vie sont traversés par des rapports sociaux inégalitaires : les hommes, les femmes et les personnes LGBTQ+, les enfants, les jeunes et les personnes âgées, les personnes autochtones, les immigrants, etc. En les resituant dans la dynamique des liens sociaux tout au long des existences, elle invite à envisager ces populations en nous émancipant des catégories figées qui tendent à les réduire à une identité stigmatisée : être « itinérant.e », « toxicomane » ou « délinquant.e », par exemple.Cette approche subjective et dynamique des inégalités vise à contribuer au renouvellement des connaissances pour mieux penser la justice sociale et générationnelle, ainsi que la protection des nouvelles vulnérabilités.

Responsable

Cécile Van de Velde

Professeure, Département de sociologie de l’Université de Montréal
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les inégalités sociales et les parcours de vie