L’État social
est généralement considéré comme l’ensemble des interventions étatiques visant un « bien-être » social au sein d’une population. Cela recouvre aussi bien les politiques de soutien au revenu ou à l’emploi, de santé, d’éducation ou tout ce qui a trait aux politiques sociales. Comme nous l’avons souligné dans notre série de séminaires et colloque dédiés à la question, l’État social ne revêt pas une forme figée ni monolithique. Il s’agit au contraire d’un réseau complexe et enchevêtré d’interdépendances (entre des entités, groupes et individus) n’excluant ni des rapports de pouvoir ni des rapports sociaux. Par exemple, la question des droits sociaux des personnes qui reçoivent de l’aide de dernier recours n’est pas exempte de rapports de pouvoirs entre institutions publiques, ayants droit et groupes mobilisés pour leur défense. Dans un autre registre, les États sociaux occidentaux se sont construits historiquement autour de la figure du travailleur masculin. Certains auteurs soulignent depuis plusieurs années une interpénétration croissante entre deux domaines des politiques sociales : les politiques de l’emploi et politiques à l’égard des familles et des enfants (Dufour, 2002). Autant dire que l’on ne peut comprendre l’État social et ses transformations sans prendre en compte les rapports sociaux en jeux, dont les rapports de classe ou de genre.
S’il institutionnalise certaines formes de solidarité, l’État social a toujours laissé subsister d’importantes inégalités sociales entre les groupes sociaux. Son rôle est plutôt de protéger contre différents risques sociaux ou de garantir des ressources aux individus se retrouvant dans des circonstances particulières : accident, maladie, chômage, retraite, parentalité, etc. L’essor de cette protection sociale s’est caractérisé par une constante tension entre une certaine responsabilité individuelle et une prise en charge collective. Depuis les années 1970, dans les sociétés occidentales on assiste à une remise en cause des systèmes de protection sociale et une relativisation des principes de solidarité et d’universalité. Cette relativisation se manifeste notamment à travers le principe de conditionnalité qui introduit des logiques de contreparties dans différents programmes sociaux (Bernheim et Commaille, 2012 ; Dufour, Boismenu et Noël, 2003). Enfin si l’État social atténue certaines inégalités sociales il peut paradoxalement participer à leur (re)production. Pensons par exemple aux dispositifs d’insertion qui contribuent à la segmentation du marché du travail selon le genre ou l’origine.
Pour ce séminaire, nous mettrons l’accent sur les rapports sociaux qui apparaissent au cœur des transformations de l’état social. Quels impacts ont ces transformations sur les différents groupes sociaux?
Les échanges seront alimentés par deux présentations :
Catherine Charron, docteure en histoire, nous présentera des données issues de sa thèse portant sur les figures contemporaines du salariat domestique ainsi que les principales évolutions de ce secteur d’activités dans la deuxième moitié du XXe siècle à Québec.
Nathalie Sereda-Bazinet, intervenante en droits sociaux à Projet Genèse, organisme engagé sur la question des droits sociaux et économiques depuis 1977. Il sera question des enjeux mobilisant la Coalition pour l’accessibilité aux services des CLE (CASC).
Accueil à partir de 13h30 – début du séminaire à 14h00.
Coordonnées de l'événement
1 septembre 2024 • 13:00 à 16:00
- CREMIS
- 66 Rue Sainte-Catherine Est, salles 602-603
Montréal, Québec H2X 1K6
Conférencier • ère
- Pauline Ou-halima
- Chargée des communications, CREMIS
- Camille Le Pallec
- Agente administrative
- Catherine J
- Coordonnatrice