Section 4 – L’orientation pédagogique de la démarche

“J’ai participé aux ateliers pilotes du CREMIS comme coordonnatrice clinique à l’accueil. L’équipe du CREMIS a vraiment su bien camper la posture de départ pour mettre tout le monde à l’aise : valoriser notre expérience terrain, inviter tout le monde à contribuer au meilleur de nos connaissances et rappeler que l’itinérance est un phénomène complexe. Intervenir dans ce contexte appelle au dialogue.”  

-Coordonnatrice clinique, Accueil psychosocial, CIUSSS de Montréal 

La démarche d’accompagnement s’appuie sur un certain nombre de courants théoriques (réflexivité, socio-constructivisme, pragmatisme) présentés de façon plus détaillée dans Approfondissement des orientations théoriques. Ces repères permettent de mieux expliciter la posture et les choix qui ont été effectués tout au long des ateliers et de l’accompagnement. Ils pourront également inspirer la mise en route de projets d’accompagnement similaires. Voici quelques éléments clés à retenir de la posture d’accompagnement : 

  • Les travaux de recherche montrent qu’il est important de baser l’apprentissage sur les expériences professionnelles concrètes et d’offrir des espaces pour la réflexion individuelle et la mise à l’essai. Les participant·es des pilotes (ci-après, apprenant·es) sont ainsi invité·es à compléter leur journal de bord avant la tenue de chaque atelier. C’est à la lumière des synthèses des journaux de bord que le déroulement de chaque atelier est élaboré. Lors des pilotes, le journal de bord s’est avéré un outil indispensable à la démarche.  
  • L’équipe du CREMIS privilégie une formule d’animation favorisant la participation active des équipes. Afin de faciliter le plus possible les échanges, les pilotes ont en moyenne été réalisés auprès d’équipes de 12 à 15 personnes. Appuyer la planification de chaque atelier sur les synthèses des journaux de bord favorise la participation des intervenant·es. 
  • Une des caractéristiques distinctives de l’andragogie (l’enseignement des adultes) comparativement à la pédagogie (l’enseignement aux enfants et adolescent·es) renvoie à l’importance accrue de positionner les apprenant·es comme des personnes détentrices de connaissances et d’expertises. L’équipe du CREMIS a souligné, tout au long des ateliers, la volonté de renverser le modèle de « formateur·rice / expert·e » en valorisant les points de vue et les savoirs professionnels des apprenant·es. L’itinérance est un phénomène complexe qui appelle à la collaboration et au travail d’équipe. Il peut également susciter des sentiments d’inconfort et d’imposture à la fois au sein des équipes terrain et de recherche. Un tel constat est mentionné d’entrée de jeu lors des ateliers. Les apprenant·es. sont invité·es à appréhender les contenus produits par le CREMIS comme une invitation au dialogue et non pas comme une obligation. La posture de base de l’équipe du CREMIS est identifiée comme un élément favorable à la mobilisation de l’équipe et à l’engagement des intervenant·es. 
  • Pour stimuler une posture active et critique chez les apprenant·es, les contenus sont présentés en invitant les apprenant·es à les consulter à partir de 5 grandes questions clés: 1) Est-ce que je me sens en phase avec les contenus ? 2) Est-ce que je me sens en décalage ? 3) Est-ce que je me sens plutôt en questionnement? 4) Suis-je en profond désaccord ? 5) Comme équipe, comment voyons-nous ça ? 
  • En plus d’encourager la participation des intervenant·es, les ateliers sont structurés de façon à permettre du travail et des échanges de groupe. De plus, l’appropriation des contenus doit se faire en tenant compte du contexte de pratique dans lequel ils seront utilisés : rôle et mandat de l’équipe, taille et composition de celle-ci, caractéristiques de la région et des services disponibles, population spécifique desservie, etc. Pour ce faire, les rencontres préparatoires réalisées avant chaque atelier avec les responsables de l’équipe deviennent des moments clés afin d’ancrer le contenu selon le contexte et les spécificités de celle-ci. Ce moment permet plus précisément de structurer les activités en sous-groupes, identifier les questions pertinentes à poser afin de susciter les échanges au sein des équipes. Ces rencontres préparatoires s’appuient à la fois sur les synthèses tirées des journaux de bord mais également sur le savoir clinique et les connaissances contextuelles de l’équipe du milieu pilote.  
  • Le fait de proposer une démarche d’accompagnement qui s’inscrit dans un temps relativement long (6 à 9 mois) permet de tisser des liens entre formateur·rices et intervenant·es, et offre la possibilité de revenir, de répéter et de mettre en évidence les idées fortes qui sont soulignées d’un atelier à l’autre. Il s’agit là de conditions favorables à la motivation et à l’apprentissage. La récurrence des ateliers (4 par pilote) et sa durée sont des éléments favorables à l’intégration des connaissances au sein des pratiques individuelles et organisationnelles.