Pourquoi une approche biopsychosociale en dentisterie est-elle nécessaire ?

[extrait verbatim/citation Christophe]

La dentisterie sociale ou, autrement dit, le modèle biopsychosocial en dentisterie, propose de changer la manière dont on conçoit la pratique en mettant l’accent sur la personne, la communauté et la société dans son ensemble. Il s’agit de prendre en compte les besoins, les préoccupations, les craintes et les attentes des patient·es et, plus largement, de considérer leur mode de vie, leur situation économique et leur environnement socioculturel.

L’idée est que la bouche n’est pas séparée de la personne :  il est donc nécessaire de comprendre les causes fondamentales de la maladie pour offrir un soin adapté. Il s’agit aussi d’œuvrer socialement pour offrir des soins accessibles et adaptés à toutes et à tous.

Pour améliorer la santé des patient·es, il ne suffit pas de traiter des symptômes. Les dentistes doivent remonter à la source du problème, pour comprendre ce qui les rend malades. C’est ce qu’on appelle les déterminants sociaux de la santé. Ce sont les conditions dans lesquelles les personnes naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent, qui ont une influence sur leur santé et leur qualité de vie. En général, les groupes et les personnes qui vivent le plus de difficultés sociales et économiques sont aussi celles qui vivent le plus de discriminations, qui rencontrent le plus de barrières institutionnelles et qui sont les plus vulnérables face à la maladie.

Une telle approche demande toutefois des compétences qui sont rarement abordées dans les écoles dentaires, comme :

  • Savoir communiquer avec les patient·es;
  • Être en mesure de développer des partenariats au sein de sa communauté locale;
  • S’engager dans la défense des droits et des politiques publiques.

En général, la dentisterie se concentre sur les processus biologiques, la chirurgie et le développement de nouvelles technologies. C’est ce que l’on appelle l’approche biomédicale. Cette approche ne prend pas en compte les déterminants sociaux de la santé et tend à réduire les personnes à des organes à traiter. Par ailleurs, la dentisterie s’inscrit généralement dans une idéologie néo-libérale qui a tendance à réduire à des causes individuelles des problématiques qui ont plutôt des origines sociales, et qui pousse à considérer la pratique sous un angle entrepreneurial, par exemple en privatisant les soins de santé. 

À l’inverse, les praticien·nes socialement engagé·es cherchent à dépasser la vision individuelle du soin, et s’intéressent plus largement aux communautés dans lesquelles ils et elles travaillent. Ils et elles tentent de répondre aux besoins spécifiques des communautés locales, en adaptant les pratiques et en développant des compétences cliniques adaptées.

Le rôle des enseignant·es est également crucial dans le développement d’une vision sociale de la dentisterie, afin de soutenir les compétences des futur·es praticien·nes et d’assurer un changement durable dans les pratiques.

Pour favoriser la diffusion de l’approche biopsychosociale en dentisterie, Christophe Bedos, Nareg Apelian et Jean-Noël Vergnes proposent le modèle Montréal-Toulouse. Ce modèle combine les grands principes des soins dentaires centrés sur la personne, qui se concentre principalement sur la relation entre les praticien·nes et les patient·es, et ceux de la dentisterie sociale, qui articulent les niveaux individuel, communautaire et social, pour permettre aux praticien·nes (non seulement les dentistes, mais aussi les hygiénistes, les assistant·es et le personnel d’accueil) d’agir sur les déterminants sociaux de la santé.

Le modèle Montréal-Toulouse s’accompagne de plusieurs outils, présentés dans ce dossier, pour soutenir les praticien·nes, les enseignant·es et les étudiant·es dans le développement et la diffusion de l’approche biopsychosociale en dentisterie. Il offre également des ressources aux patient·es pour développer une relation de confiance avec leur praticien·ne et participer activement à leur parcours de soins.

Pour découvrir la dentisterie sociale et le modèle Montréal-Toulouse en images, consultez la bande-dessinée [titre] écrite par Christophe Bedos et illustrée par Daniel Ha.